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Primus

 

Les amateurs de bière connaissent la Primus. Je n'en suis pas particulièrement friand ou, en tout cas, pas au point de me ballader avec un t-shirt arborant fièrement son nom. C'est pourtant ce que j'ai fait plus d'une fois. Mais la quasi confidentialité du groupe en Europe ne saurait duper une large frange de la communauté alternative américaine qui en est particulièrement friand. Du groupe, pas de la bière ! Eux, vous savez, à part la Budweiser...

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Pour ne rien faire comme tout le monde, le premier disque de ce super trio est un album en concert, publié sur le label indépendant Caroline. Suck On This présente une musique énergique et virtuose qui fait preuve d'une très grande mâturité aussi bien dans la maîtrise des instruments que dans l'écriture. Nous sommes en 1990, et après quelques changements drastiques de personnels fin des années quatre-vingt, la formation se stabilise définitivement autour de Les CLAYPOOL, Larry LaLONDE et Tim "Herb" ALEXANDER. CLAYPOOL est incontestablement le leader ; bassiste prodigieux au jeu de fret et de slap qui renverraient dos à dos Jaco PASTORIUS et Mark KING, redoublé d'un puissant sens du groove, il est aussi la voix de PRIMUS, et pour certains, son talon d'Achille. Nasillarde, un peu à la manière des RESIDENTS période Duck Stab, elle est vecteur de contraste, apportant l'humour et la dérision que leur musique exigeante, versatile et technique n'a pas. LaLONDE est le guitariste idéal pour un CLAYPOOL envahissant ; toujours en retrait, et donc loin des plans démonstratifs de ses condisciples guitaristes, il brode des filets de notes très stridents et décousus qui ne sont pas sans rappeler Robert FRIPP dont il avoue être un absolu inconditionnel. De très rares solos donc, mais un jeu trituré, perturbé et perturbant. Enfin, ALEXANDER est tout simplement le meilleur batteur des années quatre-vingt-dix : agile, subtil, capable, avec un choix de son parfait, de la caisse claire aux cymbales, il a, en plus de sa folle technique, ce feeling qu'en dépit d'efforts prolongés, Mike PORTNOY ne pourra jamais acquérir. Ecoutez, pour vous en convaincre, son solo de batterie sur Jellikit.

La vague funk rock fait rage à l'époque et PRIMUS est emporté par le courant, bien qu'étant à mille lieues du côté funk d'un Red Hot Chili Peppers, du côté métal d'un Living Colour, du côté punk d'un Bad Brains ou du côté reggae d'un Fishbone...

Tout comme pour son album live, le premier album studio du Police sous emphetamines des années quatre-vingt dix commence par un hommage à RUSH, reprenant l'intro du célèbre Yyz. Et parler de RUSH n'est pas innocent puisqu'en définitive, c'est peut-être de ce groupe qu'il se rapproche le
plus, en y ayant toutefois injecté le sens de l'humour d'un Frank ZAPPA. Leurs chansons parlent de choses assez stupides dans l'ensemble, et en
particulier de pêche (qui semble être une des passions de CLAYPOOL), inaugurant une série de trois titres sous l'intitulé Fisherman's Chronicle. Il s'agit là d'autant de prétextes pour déployer leur fougueux sens de l'expérimentation et de l'étrange. Leur musique est pêchue et sautillante, déroutante et entraînante. Elle introduit une vraie notion d'amusement qui fait cruellement défaut à la scène progressive, à laquelle pourtant ils n'appartiennent pas, et que la dite scène, je pense, ne veut pas compter dans ses rangs.

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Frizzle Fry en 1990, puis Sailing the Seas of Cheese en 1991 assoient très rapidement la notoriété du groupe, PRIMUS devenant même disque d'or aux États-Unis avec son troisième opus Pork Soda, pourtant plus sombre et plus âpre que ses deux recommendables prédécesseurs. La tournée qui s'en suit est un véritable triomphe où sont projetés sur grand écran des animations loufoques des personnages en pâte à modeler qui sont à PRIMUS ce que les pochettes de Roger Dean sont à YES ; leur image.

En 1994, la folle carrière de PRIMUS est mise temporairement entre parenthèse. Le temps pour CLAYPOOL de fonder sa maison de disque, PrawnSong, parodie à peine déguisée du SwanSong de Jimmy PAGE où, en lieue etplace d'un ange déchu, le logo illustre une crevette ailée. Cette même année, première sortie sur sa nouvelle maison de disque : Sausage avec Riddles are Abound Tonight. Il s'agit en fait du PRIMUS originel, avec Todd HUTH (de Porch) aux guitares et Jay LANE à la batterie. On retrouve l'esprit PRIMUS, mais les différences sont notables ; Todd HUTH, tout en approchant le style d'un LaLONDE se montre souvent plus incisif et plus rentre dedans, alors que Jay LANE, bien que limité dans sa palette sonore, propose un jeu tout aussi virtuose mais nettement plus porté sur sa capacité à marquer le temps plutôt qu'à jouer avec lui. On a même droit à la version originale de The Toys Go Winding Down que l'on trouvait sur leur premier album, baptisée ici Toyz 88. De son côté, Tim Alexander monte un groupe qui, il l'ignore encore, va devenir sa bouée de sauvetage : LAUNDRY. A quatre, avec Ian VARRIALE au chapman stick, Tom BUTLER aux guitares et Toby HAWKINS au chant, LAUNDRY dessine une musique peu originale et qui renvoie à deux références que l'on n'aurait jamais imaginé compatibles : KING CRIMSON période Discipline pour la musique (grâce au jeu de guitare répétitif, mais aussi et surtout au stick)et PEARL JAM, la voix de HAWKINS ressemblant à s'y méprendre à celle d'Eddie VEDDER. Des comparaisons encombrantes mais inédites et qui valent, en bout de course, à Blacktongue le titre de belle petite surprise.

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En 1995, Tales from the Punchbowl et son jeu interactif sur la version cd-rom nous ramène un Primus en toute grande forme (à voir, le clip de Wynona's Big Brown Beaver : un grand moment d'hilarité) bien qu'il semble incapable de renouveller sa formule, devenant de plus en plus technique et où le jeu d'ALEXANDER n'a jamais été mis autant en avant. Et c'est paradoxalement à ce moment là qu'ALEXANDER décide de quitter le groupe, jugeant qu'il en avait plus qu'assez de faire des plaisanteries de potaches (le monsieur semble ne pas avoir le sens de la dérision). On croit à un arrêt pur et simple des activités du groupe puisqu'en 1996 paraît High Ball with the Devil, un album crédité sous le nom "Les Claypool and The Holy Mackerel" où CLAYPOOL assure basse, guitare, batterie et chant, laissant de temps en temps la place à Jay LANE, qu'il retrouve ici pour une reprise des REDDINGS, ou à Henry ROLLINS pour un titre. L'esprit PRIMUS - ou devrais je dire l'esprit Claypool ? - est bel et bien présent mais l'album manque de cohésion. On y trouve pourtant la fraîcheur que le groupe semblait avoir perdu.

 

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Alors que LAUNDRY tourne intensivement en première partie de TOOL aux États-Unis, Brown Album sera l'album du retour de Primus en 1997, et la nouvelle recrue au poste de batteur n'est autre que Brian MANTIA (aka Brain), le batteur attitré de Tom WAITS que Claypool avait rencontré lors des sessions de Bone Machine en 1992. Si la critique s'emballe en signalant le renouveau de PRIMUS, le fan de la première heure a du mal à reconnaître son groupe adoré. Les rythmiques sont ramenées à leurs plus simples expressions, le son est plus rude (LaLONDE se muant en metalleux contre nature) et ce qui n'arrange rien, les compositions ne sont pas à l'avenant. Dans la foulée est publié un mini album de reprises (XTC, Peter Gabriel, Metallica) et de titres en concert, Rhinoplasty, renouvellant l'expérience, mais pas la réussite, de Miscellanous Debris, cinq ans plus tôt.

Est-ce que CLAYPOOL y croit encore ? En tout cas, les fans ne suivent plus. Tim ALEXANDER revient à la charge avec un nouveau LAUNDRY, Motivator, où il cumule désormais le poste de batteur et de chanteur, pour un résultat plus introspectif, plus sombre et plus mâture. La créativité et l'engouement qu'elle suscite semblent avoir changés de camp, d'autant que le bonhomme se montre gourmand ; d'abord musicien de session pour le bassiste Michael MANRING, il signe avec celui-ci et l'ex-guitariste de TESTAMENT, Alex SKOLNICK, deux albums chez Magna Carta sous le titre
ATTENTION DEFICIT en 1998 et 2001, pour une musique instrumentale et fusion très expérimentale.

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Cela n'arrête pas CLAYPOOL qui réactive PRIMUS en 1999 avec Antipop. Si l'album s'avère être un succès, on sent le désir de renouer avec l'alchimie passée tout en conservant les ingrédients inadéquats. De plus, une première dans l'histoire du groupe qui jusqu'alors était en charge de sa propre production, le groupe fait appel à une série impressionnante de producteurs, presque un par titre, où l'on retrouve, entre autres, James HETFIELD de Metallica, Jim MARTIN, ex-Faith No More, Tim MORELLO de Rage Againt the Machine, Fred DURST de Limp Bizkit, Tom Waits, Stewart Copeland (avec qui CLAYPOOL fondera en 2001 OYSTERHEAD pour l'album The Grand Pecking Order en compagnie du guitariste de Phish, Trey ANASTACIO) et même Matt STONE, le créateur de South Park, pour qui PRIMUS avait signé le générique !!! Le résultat est en demi-teinte, et même s'il se révèle, sans effort, bien supérieur au Brown Album, Anti Pop ne pourra pas pour autant renouer avec la flamme d'antant. Suite à cet épisode, calcul intelligent ou pas, Brain décide de quitter le groupe pour un Guns N'Roses en léthargie depuis plus de dix ans. Du coup, l'avenir de PRIMUS est compromis. La seule option qui restait à CLAYPOOL était de renouer le contact avec Tim ALEXANDER, mais à ce jour, les deux protagonistes n'ont toujours pas trouvé de terrain d'entente, si bien que la carrière du groupe est en suspens.


Ce qui n'a pas empêché CLAYPOOL de multiplier ses activités ; après des retrouvailles avec Tom WAITS sur Mule Variations, et une sérieuse collaboration avec l'inclassable Buckethead pour Monsters and Robots, il repart en tournée en large commité avec une autre de ses excentricités : le
Fearless Flying Frog Brigade, dont deux disques publics sont déjà parus ; le Live Frogs Set 1 où il revisite le répertoire de Sausage, Thela Hun Ginjeet de KING CRIMSON et Shine On You Crazy Diamond de PINK FLOYD, alors que le Live Frog Set 2 reproduit, en intégralité, tout l'album Animals des sus-nommés !

(D.S)

 

Quelques liens sur le sujet: 

http://www.primussucks.com

http://primuslovesbass.free.fr/primus.html